Legends of Etheria

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    Histoire d'Atréia

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    Message par Invité Lun 13 Juin - 11:10

    [Le vieillard vers lequel vous vous approchez pour récupérer vos information se met à toussoter légèrement avant de remarquer enfin votre présence de ses yeux laiteux.]

    - Salutation mon enfant. Pourquoi donc venez-vous importuner un vieil homme tel que moi? Chercheriez-vous des renseignements sur notre monde? Être un archiviste m'octroie une grande connaissance du monde qui nous entoure. (Vous opinez de la tête) Je vais donc commencer par le commencement...

    [Sa voix grave parvient à vous plonger dans son récit, vous le représentant comme si vous y étiez réellement.]


    ( https://www.youtube.com/v/0nE8Hwr5dkg?fs=1&hl=fr_FR )

    [Le vieil homme prend un air pensif]
    - Mais c'est un résumé... Si vous souhaitez avoir l'histoire complète du commencement, je vous conseille cet ouvrage... Où l'ai-je donc rangé... (Il trouve enfin un vieux livre sous une pile de bouquins) Voici! Il est très intéressant, je vous le conseille vivement...

    [Vous observez la couverture, elle représente la division d'Atréia.]



    [Ceci est l'histoire d'Atréia vue par le peuple d'Asmodae, ce n'est pas du tout le même point de vue que celui des élyséens.]

    Introduction

    Il n’en a pas toujours été ainsi. A une époque, les deux faces de ce monde formaient un tout, dans une union fraternelle. Nous avions la même apparence, les mêmes idéaux et une mission commune : protéger la Tour. Quand ils ont échoué, ils ont tout détruit. Notre monde et notre peuple ont été déchirés.

    Dans la partie inférieure de ce monde, vous trouverez une existence séduisante mais futile, souillée par le péché, la cupidité, la gloutonnerie, l’orgueil déplacé et une suprême arrogance. C’est là que vivent les Elyséens, une espèce de créatures abjectes qui dévouent leur existence stérile à la destruction de tout ce qui est bon dans ce monde. Ne vous laissez pas abuser par leur apparence angélique, leur peau blafarde ne recèle que noirceur.

    C’est la partie supérieure du monde qui constitue notre demeure, celle des Asmodiens. Après le Grand Cataclysme, nous fûmes précipités dans les ténèbres, dans l’inconnu, sans autre choix que s’adapter et survivre. Chaque jour, notre monde nous apprenait quelque chose de nouveau. Il ouvrait nos yeux sur de nouvelles possibilités et nous conférait une détermination inébranlable à reconstruire nos vies à nouveau. C’est grâce à cette épreuve que nous avons tant accompli. On n’a pas tous les jours l’occasion de repartir à zéro, de réparer ses torts.

    Mais attendez, je m’avance trop. Il convient d’abord de me présenter. Je m’appelle Kineas et je suis un Daeva, un être créé durant la lutte acharnée contre les Balaurs. Mon peuple et moi avons fait le nécessaire pour assurer notre place légitime sur Atréia et nous ferons tout pour protéger ce qui nous revient de droit. Si les Elyséens ont soif de guerre, leur soif sera assouvie. L’époque de la paix est révolue, voici venu le temps du châtiment.

    Après tout ce qui s’est produit dans notre monde, je considère comme mon devoir de faire la lumière sur les événements qui ont mené à notre situation actuelle. J’ai écrit ce journal pour narrer ces années révolues, peut-être pourrez-vous alors comprendre les causes des profonds bouleversements qu’a connus notre monde.

    Lisez, lisez et apprenez ce que cela signifie, d’être un Asmodien !


    Chapitre I - Unité

    Je vais d’abord parler d’un âge qui précède le mien. Notre tradition regorge d’histoires de vertes contrées et de pâturages fertiles, d’un monde dans lequel nous pouvions prospérer et croître sereinement avec nos familles. C’était une époque où Elyséens et Asmodiens n’existaient pas encore, nous étions simplement connus sous le nom d’Humains. Atréia était une seule entité. Un tout. Tout comme nous n’étions qu’un, il n’y avait aucune division, ni entre nos mondes, ni entre nos peuples.

    Des années s’écoulèrent ainsi et, au dire de tous, nos ancêtres vivaient heureux. Je ne puis réprimer de la colère à l’idée qu’ils ne célébraient pas le paradis qui leur avait été donné, qu’ils n’appréciaient pas ce monde à sa juste valeur. Néanmoins, la connaissance de ce qui s’est produit depuis confère une certaine distance et ce n’est probablement qu’avec ce recul que l’on peut comprendre les trésors qui étaient jadis les nôtres. Qui sait, même ces terres ravagées qui sont désormais notre demeure sont peut-être un paradis comparées à une autre région, quoique je peine à imaginer un endroit plus éprouvant que celui-ci.

    Quoi qu’il en soit, les choses allaient brusquement changer. Nous ne doutions pas du grand cauchemar qu’Aion nous réservait, de l’abomination qui allait s’abattre et s’acharner sur notre monde, avec ses crocs fielleux et son insatiable soif de guerre.


    Chapitre II - Une création impie

    Ce cauchemar, c’était les drakens, des créatures dont la seule vue inspirait la terreur. Ils étaient lourds et imposants, nos armes de fortune étaient inefficaces contre leurs peaux cuirassées. Pis encore, ils pouvaient prendre leur envol en un clin d’oeil, rendant ainsi nos maigres défenses totalement inutiles. Notre peuple apprit vite à se terrer pour échapper aux drakens. En l’absence de prédateur naturel, leur audace s’accentua à mesure que leur nombre augmentait. Bientôt, leurs sombres silhouettes, engendrées par Aion pour gouverner notre monde, écumèrent les cieux en toute liberté.

    Leur soif de pouvoir était insatiable. Des races entières s’étiolèrent et disparurent sous la furie de leurs assauts. Des enfers de flammes les accompagnaient et ils ne laissaient que des ruines carbonisées dans leur sillage. Peu après le carnage initial, ces brutes commencèrent à démontrer leur intelligence. Réalisant les tendances belliqueuses des Kralls et des Maus, les drakens décidèrent de ne pas les détruire, mais de subjuguer les survivants. Ces derniers furent épargnés après avoir juré allégeance éternelle à leurs nouveaux maîtres. C’est autour de cette période que les drakens connurent une forme d’évolution. Certains d’entre eux devinrent plus grands, plus forts et plus intelligents que leurs semblables. Ces créatures prirent le nom de Dragons. Parmi eux, cinq accédèrent au pouvoir. On les appela les Seigneurs Dragons.

    Les cinq Seigneurs Dragons, désormais éveillés, réorganisèrent promptement leurs forces, instaurant une hiérarchie militaire au sein de leur société. Ils décidèrent de renommer leur peuple “Les Balaurs”. Forts de leur nouveau titre, ils lancèrent un assaut avec une vigueur renouvelée, décimant les rares groupes qui osaient encore leur résister.

    Pourtant, ils n’étaient toujours pas rassasiés. En quête d’adversaires plus puissants, ils se tournèrent vers le dieu d’Atréia, Aion, et exigèrent des pouvoirs équivalents à ceux de notre créateur. Lorsqu’Aion refusa, les Balaurs, aveuglés par la rage et poussés par leur avidité, se retournèrent contre notre dieu. Ils rassemblèrent leurs forces pour attaquer la Tour de l’Eternité.


    Chapitre III - Ascension

    La main d’Aion avait été forcée et en conséquence il créa douze formes appelées les Seigneurs Empyréens. Ces créatures possédaient une incroyable beauté et une immense puissance ; comme les Balaurs, elles pouvaient s’envoler grâce à une étrange substance appelée l’Ether. Notre foi en notre dieu et notre dévouement envers Atréia avaient été reconnus : ces créatures avaient été conçues à notre image et étaient venues sauver le monde auquel nous étions si attachés.

    C’était le début d’une lutte inévitable, qui s’est très vite transformée en une longue guerre meurtrière. Nous nous sommes réfugiés autour de la Tour, à l’intérieur d’un bouclier éthéré que nos Seigneurs Empyréens avaient matérialisé pour nous ; mais celui-ci était petit et au-delà de ses limites, le territoire demeurait sous le contrôle des Balaurs. Nos Seigneurs Empyréens étaient affaiblis à l’extérieur du bouclier, tout comme les Balaurs l’étaient s’ils s’aventuraient à l’intérieur de celui-ci. Lorsque ces derniers réalisèrent ceci, ils amenèrent d’innocentes créatures juste à l’extérieur du bouclier et les massacrèrent afin d’inciter nos Seigneurs à sortir de leur protection. Les Balaurs étaient des êtres cruels et leurs exactions ne firent que renforcer notre haine envers leur race.

    Cette ère était celle que nous avions appelé plus tard la Guerre du Millénium, une période au cours de laquelle nous autres, humains, pouvions prospérer sous les ailes protectrices de nos Seigneurs Empyréens. C’est à cette époque que je naquis et, une fois adulte, je découvris que l’Ether qu’Aion avait offert à ce monde avait une influence vigoureuse sur moi. L’Ether réagissait à moi tout comme je réagissais à lui, et bientôt mes aptitudes furent remarquées par des êtres que nous n’avions rencontrés qu’en de rares occasions. Ces êtres, ces Daevas, étaient nés humains mais possédaient une aptitude innée qui leur permettait de manipuler l’Ether utilisé par les Seigneurs Empyréens. J’appris avec beaucoup de précautions à manipuler ces pouvoirs et bien qu’au départ je ne pouvais que refroidir l’air qui m’entourait, en quelques mois, je parvins à figer mes adversaires sur place et à matérialiser des boules de feu qui engloutissaient les Balaurs. J’étais vénéré tel un dieu par ceux qui autrefois m’avaient tenu tout contre leur coeur ; ils me plaçaient désormais sur un piédestal. Moi, simple fils d’agriculteur, je pouvais faire souffrir ces Balaurs et cette sensation était enivrante. Cette bénédiction que j’avais reçue d’Aion était inestimable.

    Les Daevas étaient bientôt suffisamment nombreux pour que nos Seigneurs Empyréens nous mobilisent afin de constituer une force armée. Je rejoignis la légion et gravis rapidement les échelons, laissant derrière mon fils, Phalaris.


    Chapitre IV - Lâcheté

    Je gravis rapidement les échelons. Mes compétences de sorcier étaient de loin supérieures à celles des autres Daevas, si bien qu’après moins d’une année on m’avait confié le commandement de toute une légion. Les combats étaient acharnés. Même s’ils nous envoyaient souvent au-devant des Balaurs, nos Seigneurs Empyréens faisaient de leur mieux pour nous préserver. Nos tactiques et nos compétences guerrières s’améliorèrent tant et si bien que nous étions en mesure de tuer les plus jeunes et imprudents de leurs dragons avant de retourner nous réfugier derrière notre bouclier d’Ether. Rien de bien glorieux, mais l’essentiel, c’est que nous progressions, peu à peu. Puis vint le jour qui nous bouleversa tous.

    Le Seigneur Israphel, l’un des deux Gardiens de la Tour de l’Eternité, déclara qu’il était temps de faire la paix avec les Balaurs. Pourtant, il les détestait plus que quiconque. Selon lui, la raison de cette guerre n’était pas d’annihiler les Balaurs. L’essentiel était de protéger Aion.

    J’étais stupéfait… comment l’un de nos sauveurs pouvait-il perdre son courage et sa détermination aussi facilement et soudainement ? Dans un premier temps, les Seigneurs Empyréens étaient consternés. La perspective de négocier une paix semblait absolument inconcevable. Apparemment, tout le monde était d’accord sur ce point. La proposition d’Israphel était absurde.

    Pourtant, les plus faibles des Seigneurs ne tardèrent pas à montrer qu’ils n’avaient jamais vraiment eu l’étoffe de combattants. La notion d’honneur leur pesait comme un fardeau et ils avaient hâte de s’en libérer. Dame Ariel fut la première à capituler. Elle parla d’Israphel en des termes flatteurs, vantant sa sagesse, son ancienneté et sa bravoure. Sa bravoure ! C’est ainsi qu’elle qualifiait cette proposition de paix. Elle eut l’audace de dicter aux Daevas ce qu’ils devaient penser et comment ils devaient se comporter. L’empressement avec lequel Dame Ariel et ses partisans oublièrent un millénaire de sacrifices était révoltant. Comment pouvaient-ils accorder si peu de valeur au sang versé par tant de nos compatriotes ?

    Heureusement, l’esprit acéré d’autres Seigneurs ne s’était pas émoussé. En tant que Daeva, j’eus le privilège de rencontrer certains de nos Seigneurs, et c’est avec l’illustre et vénérable Seigneur Asphel que je connus la plus fructueuse des collaborations. Sa détermination était inébranlable et ses missions étaient toujours couronnées de succès. Ses manières et ses aptitudes étaient une source d’inspiration pour la plupart d’entre nous. Ainsi, lorsque l’insipide discours d’Ariel commença à faire flancher certains, je vis la grimace sur le visage d’Asphel et je sus que ma loyauté lui serait acquise. Il se leva pour parler et je me tins à ses côtés, ainsi que ses autres partisans. Il admonesta Ariel pour son dédain envers ceux qui étaient tombés avec honneur et dénonça l’initiative de paix, la qualifiant d’erreur et de perte de temps.

    Une véritable tempête se déchaîna dans la salle. Le brouhaha résonne encore dans mes oreilles… les rugissements, la confusion, les accusations qui fusaient, la haine palpable entre les deux camps. Je vis Israphel se lancer dans un plaidoyer passionné devant Siel, qui l’écoutait d’un air grave. Israphel expliquait avec insistance que nous devions défendre Aion en construisant la paix, plutôt que par une guerre constante. A ma grande déception, je vis Siel acquiescer.

    Afin de préserver un semblant de concorde, nous quittâmes tous la grande salle et laissâmes les Douze Seigneurs Empyréens à leurs débats. Je partis avec des compagnons d’armes qui comprenaient que seul le jugement d’Asphel était juste et acceptable. Les lâches, quant à eux, s’éclipsèrent de leur côté. La division entre les deux camps, les valeureux et les veules, était déjà visible.

    Cette nuit-là, nous attendîmes patiemment l’issue des débats. Je m’en souviens clairement. Je fixais les incendies qui brûlaient à l’horizon et je réalisai qu’il n’y aurait jamais de paix entre les Balaurs et nous. Je repensai aux décennies de combats incessants, à ces yeux sombres et sans âme, des gouffres béants qui ne sourcillèrent pas lorsque les Balaurs massacrèrent ma famille et mes amis, sans autre raison que leur désir bestial de domination.

    Je savais que Siel rejetterait la proposition d’Israphel. Je savais qu’Asphel défendrait sa cause, notre cause, et que les autres, même Dame Ariel, finiraient par s’y rallier. Je le savais. Et pourtant, lorsque les Seigneurs Empyréens finirent par émerger, la décision qu’ils annoncèrent me laissa pantois et pétrifia toute ma légion. Dame Siel avait succombé. Malgré toutes nos protestations, Israphel et elle étaient les Gardiens de la Tour et, en cette qualité, ils jouissaient de la plus grande autorité parmi les Douze. Leur décision était définitive. Nous allions devoir négocier avec les Balaurs. J’entendis Ariel jubiler de sa voix triomphante, et ses quatre cohortes entamèrent un chant de paix inepte.

    Asphel s’avança, le visage déformé par la colère. Il partit et je m’envolai avec lui, suivi par un grand nombre de mes camarades Daevas.


    Chapitre V - Le Grand Cataclysme

    Ainsi, après quelques jours, une futile conférence de paix eut lieu. En signe de respect envers les cinq Seigneurs Dragons, le champ éthéré qui protégeait la Tour fut abaissé, et ils furent invités à l’intérieur de la structure colossale pour y mener les négociations. Ces quelques minutes durèrent une éternité. Je regardai mes légionnaires dans les yeux et je pouvais y lire la défiance et la colère. Eux aussi se demandaient comment nous avions pu être assez faibles pour essayer de traiter avec ces monstres qui ne cherchaient qu’à nous subjuguer. Je me tournai vers le centurion en qui j’avais le plus confiance, mais alors que j’allais m’adresser à lui, tout chavira en un clin d’oeil. Des cris, de la confusion, une débâcle générale. L’un des Balaurs était tombé et le Seigneur Asphel se tenait devant lui, le regard enflammé, prêt à se battre.

    Les Balaurs se lancèrent à l’attaque. Des voix se levèrent pour implorer Siel et Israphel de rétablir le champ éthéré mais, pour la seconde fois, ils nous firent défaut. Perdus dans le tumulte, ils étaient incapables d’agir de concert pour défendre la Tour. Sous les coups de griffes des Balaurs, la Tour commença à se fissurer.

    Je me souviens du visage d’Israphel, tourmenté par son sentiment de culpabilité, alors qu’il envoyait Asphel et ses légions de Daevas au nord, pendant que Siel dirigeait Ariel et les siens vers le sud. C’était notre dernier espoir. Séparés en deux groupes, chacun à une extrémité de la Tour, les Seigneurs Empyréens feraient tout en leur pouvoir pour empêcher son effondrement.

    Nous tînmes bon. Mais le groupe du sud échoua, nous le savons désormais. En un instant, notre monde fut plongé dans les ténèbres, lorsque la lumière de la Tour s’éteignit. Les gens se dispersèrent et se mirent à courir dans toutes les directions en hurlant de terreur.

    Je me souviens de cet instant comme si c’était hier. Je levai les yeux et je vis des fragments de la Tour se détacher et chuter, illuminés par la lumière vacillante de l’imposante structure. Je restai figé alors qu’un énorme fragment dégringolait vers moi. Je m’en souviens clairement, car c’est le jour où j’ai découvert le don suprême des Daevas : l’immortalité.

    A mon réveil, Atréia était scindée en deux moitiés. La partie inférieure baignait dans une lumière radieuse et éclatante, alors que la nôtre était engloutie par des ténèbres glaciales et inhospitalières.

    Ainsi avait pris fin la conférence de paix.


    Chapitre VI - Conséquences

    Peu à peu, nos yeux s’ajustèrent à l’obscurité et un groupe de survivants s’assembla. Ils étaient confus et terrifiés : nul ne savait comment nous avions survécu. J’annonçai que j’allais chercher un endroit où nous pourrions camper et nous réchauffer, puis je me dirigeai vers le moignon qui était autrefois la base de notre Tour.

    C’est là que je fis une rencontre qui se révéla être une bénédiction : les cinq Seigneurs Empyréens qui avaient tenté de protéger Aion avec nous étaient là, bien vivants. Ils nous rassemblèrent tous, nous annoncèrent que le monde avait changé pour toujours et nous expliquèrent pourquoi. Nous avions payé un lourd tribut pour cette tentative de paix : nous avions perdu des millions d’âmes, ainsi que Siel et Israphel, les deux Gardiens de la Tour qui avaient consenti le sacrifice ultime pour assurer notre survie. Même si, de leur vivant, ils avaient commis une folie irréparable, ils étaient morts avec honneur, et nos pensées s’élevèrent vers eux.

    Peu après, je retournai à notre camp de fortune et nous fîmes un énorme feu pour attirer les autres survivants. Au cours des jours qui suivirent, des milliers de nouveaux arrivants nous rejoignirent, abattus et meurtris. Par une chance inouïe, je retrouvai Phalaris, mon fils, alors que personne d’autre de mon village n’avait survécu.

    Les jours et les semaines passèrent. Il devint clair que notre monde déchiré s’était stabilisé et que notre destinée était à nouveau entre nos mains. Aion semblait avoir disparu, tout comme l’Ether qui me donnait mon pouvoir. Pour la première fois depuis longtemps, je me sentais à nouveau vulnérable. Refusant de me laisser dominer par la peur, je parlai avec Asphel et nous commençâmes à faire des plans pour la fondation d’une nouvelle capitale.

    Sept cent cinquante longues années s’écoulèrent, durant lesquelles je fus témoin de nombreux changements. Nous manquâmes vite de bois pour le feu, mais nos yeux s’adaptaient déjà à la vie dans les ténèbres. La construction de notre ville fut achevée et nous la baptisâmes Pandaemonium. Elle s’agrandit rapidement jusqu’à devenir une véritable cité. J’ai vu notre peuple fleurir, s’adapter et évoluer, envers et contre tout, sous la direction avisée de nos Seigneurs Shédims.

    Notre évolution fut aussi physique : notre peau devint plus pâle dans l’obscurité omniprésente, et nos pieds devinrent de véritables serres à force de marcher sur un sol rêche et recouvert de débris affûtés. Des griffes poussèrent aussi sur nos mains, comme si la nature nous indiquait que plus jamais notre peuple ne serait désarmé. J’eus de la peine à accepter ces stigmates, mais ils étaient nécessaires à notre survie. Nous n’avions donc d’autre choix que de les accepter. Ils nous rappelaient sans cesse la tentative de paix mal avisée d’Israphel, soutenue par Ariel.

    Durant cette période, j’ai aussi vu Phalaris vieillir, puis s’éteindre, ainsi que ses enfants, et ses petits-enfants. Tel est le destin d’un Daeva.


    Chapitre VII - Châtiment

    Un jour, un fait étrange se produisit. Les Fragments de la Tour de l’Eternité qui s’étaient enfoncés dans nos terres commencèrent de nouveau à irradier de la lumière. Ensuite ils se sont soulevés pour flotter dans les airs autour de nous. Asphel demande à mon unité d’Archons, les plus puissants des Daevas, de mener l’enquête.

    Au cours de nos recherches, nous découvrîmes une sorte de portail qui nous transporta dans un espace, quelque part entre Asmodae et la partie inférieure d’Atréia, où flottaient d’énormes colonnes de rochers. Dans ce monde, l’Ether qui alimentait mes pouvoirs était présent en abondance, et je fus soulagé de constater que ma force était intacte. A mon retour à Pandaemonium, je fis un rapport à nos Seigneurs Shédims. Asphel demanda immédiatement aux Archons de garder le portail. Lorsque nous lui demandâmes pourquoi, pour toute réponse, il se contenta de fixer le ciel, en direction de la moitié inférieure d’Atréia.

    Deux jours plus tard, alors que nous étions en train de planifier une seconde expédition à travers le portail, nous avons constaté que nous étions sans nouvelles de nos troupes stationnées à Morheim. Zikel, notre dieu de la destruction et l’un des Seigneurs Shédims, emmena les Archons restants, dont je faisais partie, pour enquêter.

    Au lieu de nos hommes, nous trouvâmes un groupe d’hommes qui prétendaient venir de la partie inférieure d’Atréia et nous reçurent toutes armes dégainées. Ces êtres ressemblaient à des anges, et bien qu’ils fussent avares de paroles, ils se permirent de prononcer un jugement à notre égard. Rendez-vous compte : ils nous accusaient d’un crime qu’ils avaient commis eux-mêmes ! Les poltrons qui avaient invité les Seigneurs Dragons dans notre tour en plein milieu d’une guerre sans merci, c’étaient eux !

    Zikel ne cacha pas son indignation : il projeta ces “Elyséens” sur le sol et exigea qu’ils renaissent Nezakan, l’un des Seigneurs Empyréens qui s’était montré assez faible pour demander la paix avec les Balaurs. L’histoire avait depuis démontré qui était dans l’erreur, cracha-t-il. Ces Elyséens reconnaîtraient-ils l’erreur de leur Seigneur, le condamneraient-ils pour son ineptie ?

    Leur chef, qui s’appelait Deltras, s’y refusa. Faisant preuve de l’arrogance qui est le propre des Elyséens, il refusa de jeter le blâme sur ses propres Seigneurs, préférant maudire Zikel. Les mots laissèrent la place aux épées et nous chargeâmes, les décimant comme les couards qu’ils étaient. Certains parmi eux parvinrent néanmoins à s’échapper. La plupart se dirigèrent vers notre ville, où dans leur colère ils massacrèrent femmes et enfants avant que nous puissions les arrêter. Deux d’entre eux purent rejoindre leur terre natale, blessés mais pas vaincus.

    Pas encore.


    Chapitre VIII - Un ennemi ancien, un ennemi nouveau

    Dès notre retour à Pandaemonium, nous commençâmes à rassembler nos forces en préparation d’une guerre contre les Elyséens. Le jour suivant, un nouvel affrontement eut lieu et une guerre totale éclata entre nos peuples. En outre, une nouvelle épreuve nous attendait car les Balaurs, depuis longtemps exilés dans les Abysses, avaient trouvé un moyen d’échapper à leur prison. Leur soif de sang était aussi insatiable que jamais et avec leurs anciens alliés de nouveau à leurs côtés, ils représentaient une réelle menace. Les Elyséens, en cherchant à se donner des airs d’illuminés avec leur fausse supériorité morale, n’ont réussi qu’à se couper des racines historiques qui donnent leur force aux Asmodiens. Ils veulent oublier leur passé, ignorer le sang qui a été versé en leur nom par nos ancêtres communs, comme s’il s’agissait d’une tâche gênante.

    Nous autres Asmodiens faisons honneur à notre passé. Lorsque nous nous retrouvâmes pour la première fois dans les profondeurs de la nuit, blessés mais pas brisés, nous cherchâmes un mot d’ordre qui nous permettrait de reconnaître les nôtres… car nous n’avions pas encore adopté nos nouvelles formes et de nombreux visages étranges s’approchaient de la lueur du feu.

    Un murmure traversa les ténèbres : “sang pour sang”. A ce jour, nous ne savons toujours pas qui prononça ce mot le premier… d’aucuns prétendent qu’il s’agissait d’Asphel, d’autres Zikel, d’autres encore disent que c’était Aion lui-même, nous accordant sa bénédiction dans un dernier soupir. Ce qui est sûr, c’est que dès l’aube, sinistre et maussade, ces mots étaient sur toutes les lèvres et nul ne s’inquiétait de leur origine.

    Il faut verser du sang, pour venger ceux qui ont versé leur sang pour nous. Et ceux parmi nous qui sont dignes de ce sang, ceux qui sont restés ensemble pour surmonter les dangers des longues nuits qui ont suivi, continueront à se soutenir les uns les autres. Ces quelques mots murmurés ont été transmis à travers les âges, de mère en fils et de père en fille. Ils nous réchauffent et nous préparent au combat.

    Désormais, une nouvelle découverte a rendu notre mission d’autant plus urgente. De l’Ether s’échappe constamment de l’atmosphère de notre planète. Nous avons passé des mois à rechercher la source de cette hémorragie à travers les Abysses et Asmodae, alors qu’elle se trouvait devant nos yeux.

    Elle réside dans les deux moignons de la Tour. Ils semblent encore liés et émettent des vibrations invisibles l’un vers l’autre, entre les deux moitiés de notre monde déchiré. C’est comme si la Tour de l’Eternité était un membre récemment amputé, la réverbération du lien qui unit encore les deux fragments a donné naissance aux Abysses.

    Les Abysses absorbent l’Ether, comme l’eau s’engouffre dans une crevasse. Ainsi, l’Ether se fait de plus en plus rare, ce qui va bientôt affecter nos Daevas et notre planète. L’intégrité d’Atréia est encore maintenue par les liens éthérés tissés par Siel et Israphel lorsqu’ils se sacrifièrent en offrant l’Ether de leur propre corps. Ces liens seront bientôt affaiblis par les Abysses. S’ils venaient à se briser, notre atmosphère s’effondrerait, ce qui signifierait la fin de toute vie sur cette planète.

    Il nous reste une solution. La résonance disparaîtra lorsqu’il ne restera qu’un seul moignon de la Tour. La voie est toute tracée : nous devons détruire la Tour de Lumière. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons mettre un terme à l’hémorragie d’Ether et préserver les vies des Asmodiens face à l’arrogante tyrannie des Elyséens.

    Cette fois, nous n’hésiterons pas. Nos lames ne s’arrêteront pas tant que nous n’aurons pas débarrassé notre monde des crétins orgueilleux qui l’infestent.

    [Pour ceux qui veulent la version plus courte en vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=I39XQpaoqiI ]




    [Ceci est l'histoire d'Atréia vue par le peuple Elyos, qui n'est pas du tout le même point de vue que celui des Asmodéens]


    Introduction

    Il y a de cela un an, ces Asmodiens, maudits par les ténèbres, ont détruit ma vie. Leurs Daevas sont apparus d'on ne sait où, en traversant une brèche juste après le départ de nos légionnaires. Les lâches... Ils ont décimé les humains de mon village. Les plus courageux ont tenté de résister à leurs attaques, mais quelles chances avaient-ils face à ces immortels ? J'ai fui. Je n'ai pas honte de le dire. J'ai couru me cacher tandis que les envahisseurs asmodiens massacraient ma famille, mes voisins, mes amis.

    Nous devons nous souvenir de tels actes. C'est grâce à eux que nous pouvons distinguer les êtres vertueux des individus corrompus.

    A mon retour au campement, J'ai aidé à enterrer les morts. "Comment peut-on en arriver là ?", me suis-je demandé. C'est alors que j'ai réalisé que j'en savais peu sur notre histoire. J'ai cherché ce qui avait pu, il y a tant d'années, pousser les Elyséens à déclarer la guerre à ceux que nous considérions autrefois comme nos frères. Dans ces quelques pages, vous découvrirez ce que j'ai appris d'Atréia, de ceux qui ont jadis vécu et de ceux qui vivent aujourd'hui encore sur ces terres sacrées.

    Sommes-nous un peuple arrogant ? Peut-être. J'ai vu l'arrogance des Elyséens tout comme j'ai vu leur chaleur et leur générosité. Les Asmodiens, en revanche, sont des êtres féroces et cruels. Ils m'ont fait goûter mon propre sang. N'est-il pas évident que ces individus, pervertis jusqu'à ressembler à de viles créatures, ont été maudits par Aion ? Les Elyséens ne sont-ils pas bénis ? Nos deux peuples ne sont-ils pas le reflet des terres sur lesquelles nous avons survécu, ou ne sommes-nous que le reflet de notre ennemi juré ? Je n'en sais rien.

    Je m'appelle Rafaela et j'ai consigné mes recherches dans ce livre. J'espère que vous trouverez que mes notes sont utiles et qu'elles vous aideront à débarrasser ce monde magnifique des Asmodiens qui y pullulent.


    Chapitre I - Genèse

    Il y a de cela des millénaires, notre dieu Aion créa Atréia, un monde plein de vie et de couleurs. Il conçut également la Tour de l'Eternité traversant le coeur de notre terre et l'imprégna de l'Ether, l'essence même de sa vie. A cette époque, les humains formaient un seul peuple sur Atréia. Les Elyséens et les Asmodiens n'existaient pas encore. Notre monde était une terre riche, éclairée uniquement par la douce lueur de la Tour. Elle nous nourrissait, nous apportait l'espoir et nous soutenait en tout ce que nous faisions.

    De notre côté, nous étions entièrement soumis à notre dieu. Il n'y a aucune honte à cela. Ce sont les légendes et histoires transmises de génération en génération ainsi que les nombreux artefacts et inscriptions que nos archéologues ont découverts dans les sites de fouilles aux quatre coins d'Elyséa qui nous l'ont appris.

    La raison pour laquelle Aion a créé ce monde reste un mystère. Mais nous savons que notre dieu nous réservait un défi monumental. Il nous avait invoqués afin de combattre une monstruosité qu'il avait lâchée sur notre monde.


    Chapitre II - L'ère des Balaurs

    A l'époque où Aion créa les humains, les Drakens régnaient sur le monde. Ces bêtes n'inspiraient que terreur et répulsion. Certaines de nos paraboles les plus anciennes citent ces créatures et, la nuit venue, nous racontons aujourd'hui encore aux enfants indisciplinés des histoires évoquant leur fureur épouvantable et leur soif de sang. Les humains de jadis ont rapidement appris qu'il ne servait à rien de les affronter. Ils ne pouvaient que se cacher, ce pour quoi ils devinrent vite doués. Malgré tout, les Drakens décimèrent des milliers d'entre nous et anéantirent des races entières. Ils réduisirent en esclavage les Maux et les Kralls. Les Drakens les épargnèrent dans l'unique but d'utiliser leur force brute contre d'autres ennemis.

    Les Drakens, envoyés à l'origine par Aion pour veiller sur Atréia, gagnèrent en aplomb à mesure que leur nombre augmentait. Obnubilés par leur soif de pouvoir, ils en oublièrent leur mission et leur respect pour leur dieu. Nous ne savons pas vraiment comment, mais les Drakens changèrent. Ils devinrent mieux organisés et quelques-uns acquirent une prédominance sur les autres. De nombreux érudits pensent aujourd'hui que les Drakens aient accédé à une certaine forme de pouvoir provenant d'une source supérieure à Aion, voire à notre univers tout entier. Nous apprîmes plus tard que ces Drakens avaient appelé cet événement "l'éveil". C'est vers cette époque que leurs nouveaux maîtres, les cinq Seigneurs dragons, baptisèrent leur espèce du nom que nous utilisons aujourd'hui : les Balaurs.

    Leur apparence et leurs compétences s'en retrouvèrent si radicalement transformées que nos ancêtres crurent avoir affaire à une nouvelle race, lorsqu'ils virent les Balaurs pour la première fois. Ce n'est qu'après les premières attaques, reconnaissant la brutalité bestiale de leurs assaillants et leur volonté implacable d'annihiler toute forme de vie, que la réalité s'imposa à eux : il semblait qu'un tel pouvoir avait reçu la bénédiction d'Aion, mais comment était-ce possible au vu des méthodes impitoyables qu'employaient les Balaurs pour décimer toutes les races d'Atréia ?

    Dans leur arrogance et leur avidité, les Balaurs s'en prirent à leur dieu. Ils rallièrent leurs sujets les plus combatifs et menacèrent la Tour de l'Eternité elle-même.


    Chapitre III - La Guerre du Millénium

    Nos ancêtres étaient des êtres courageux qui défendirent avec fougue la Tour et le dieu qu'ils vénéraient. Mais les Balaurs, avec leur force brute, les abattirent par milliers. Dans un acte désespéré, Aion décida que les humains avaient besoin d'une force puissante pour contrer ces viles créatures et imprégna douze des humains les plus dévoués de sa force vitale, l'Ether, créant ainsi les Seigneurs empyréens.

    Aion chargea ces puissants gardiens de contrôler les Balaurs en maraude et de restaurer l'ordre dans Atréia. Les Balaurs tiraient leur puissance d'une source extérieure à notre monde et l'énergie éthérée d'Aion était un anathème pour eux. Aion créa un Champ éthéré autour de la Tour pour la protéger contre les Balaurs. Grâce à ce bouclier, les derniers humains purent reconstruire jour après jour un semblant de civilisation.

    C'est ainsi que débuta la Guerre du Millénium, un conflit qui vit brûler les terres et créatures hors du Champ éthéré alors que les Balaurs extériorisaient leur frustration en fondant sur tout ce qui opposait une quelconque résistance. Notre peuple prospérait tandis que les courageux Seigneurs empyréens combattaient les Balaurs.

    C'est à cette période que certains humains parvinrent à maîtriser l'Ether. On appela ces individus les Daevas. Ces êtres développèrent d'incroyables pouvoirs grâce à leurs aptitudes éthérées grandissantes. Ils étaient presque des demi-dieux et jouèrent un rôle-clé dans notre évolution et au cours de cette guerre. Nous tendions à penser que ces êtres, capables de voler, étaient des anges envoyés par Aion pour ramener l'ordre et la stabilité dans notre monde. Je suis moi-même une Daeva qui a fait son Ascension à la fin de la Guerre du Millénium.

    Le conflit fit rage pendant des années et même si nous remportions parfois quelques victoires, le combat restait serré. Dans le meilleur des cas, même si notre camp devait finalement l'emporter, le prix à payer pour notre peuple serait insupportable.

    Certains Seigneurs empyréens, qui craignaient de s'enliser dans une guerre démoralisante, commencèrent à chercher d'autres moyens de mettre fin aux affrontements.


    Chapitre IV - Espoir

    De tous les Seigneurs empyréens, c'était la magnifique Ariel qui était la plus proche de notre peuple. Lors de l'un de ses premiers soirs à Atréia, Ariel descendit de la Tour de l'Eternité et s'adressa à nous, réunis autour d'un feu de camp. Au dire de tous, elle était patiente et bienveillante. Elle nous dit tout ce que nous devions entendre. Les Balaurs, malgré leur puissance terrifiante, n'oseraient jamais traverser le Champ éthéré. Pour la première fois depuis de nombreuses années, nous étions à l'abri. Il existe encore des gravures représentant cette soirée. On y voit cette auguste silhouette féminine, se tenant les bras ouverts au milieu de son peuple versant des larmes de joie et de soulagement.

    Si je vous parle d'Ariel, c'est parce qu'elle fut la première à reconnaître la sagesse du Seigneur Israphel, lorsque ce dernier fit sa surprenante proposition de paix. Elle était suffisamment clairvoyante pour comprendre que, même si nous devions l'emporter un jour, nous sortirions meurtris de ce conflit. Elle seule eu le courage de faire face aux autres Seigneurs empyréens et de condamner leur soif de combat qu'elle qualifia d'orgueilleuse, à juste titre.

    Comme Israphel, elle rappela que cette guerre durait depuis mille ans. Comment pouvions-nous être sûrs qu'elle ne durerait pas deux, trois ou dix mille ans de plus ? Elle avait compris, tout comme Israphel, qu'en poursuivant cette guerre éreintante, nous risquions de perdre bien plus que des vies. Nous risquions de perdre ce qui nous différenciait des Balaurs et des autres bêtes féroces qui infestaient notre monde : notre humanité. Tout le monde savait qu'Israphel détestait les Balaurs plus que tout. Si même lui était capable de surmonter sa haine au nom de la paix, alors nous pouvions tous suivre son exemple. Plus encore, nous devions tous le suivre.

    Il ne subsiste aucun écrit des délibérations des Seigneurs Empyréens suite à l'annonce d'Israphel, mais nous savons qu'une dispute éclata entre Ariel et les Seigneurs empyréens les plus belliqueux. Plusieurs d'entre eux s'opposèrent à chercher la paix et, pour la première fois, notre front jusque-là uni se fissura.

    Même les bellicistes avides de gloire, malgré leurs diatribes et leur rage, ne pouvaient nier l'autorité d'Israphel et de Siel, les Gardiens de la Tour. Dame Ariel et les quatre Seigneurs bénis qui se joignirent à elle discutèrent âprement durant de longues heures, mais c'est le consentement de Dame Siel qui mit un terme aux débats. Les Gardiens avaient parlé : la paix devait s'imposer.

    Nous nous réjouîmes. Comment pouvait-il en être autrement ? Le courroux grandiloquent du Seigneur Azphel et de ses séides face à cette décision ne pouvait être que passager. En les regardant s'envoler dans la nuit glaciale, tous étaient certains qu'ils reviendraient tôt ou tard, lorsque leurs esprits se seraient apaisés. Notre voie était clairement tracée et nul n'oserait s'y opposer.

    Ariel et ses fidèles entonnèrent un chant de louanges et de remerciements à la gloire d'Aion et, pour la première fois depuis des siècles, nous avions retrouvé quelque espoir.


    Chapitre V - Le Grand Cataclysme

    Le jour de la conférence de paix, à l'aube, nous pûmes contempler les cinq Seigneurs dragons, les commandants des Balaurs, se tenant seuls à l'extérieur du champ éthéré. Dans les oeuvres qui nous restent de ce jour, ils sont dépeints comme des créatures colossales, bien plus imposantes que les autres Balaurs.

    Siel et Israphel, les deux Seigneurs empyréens chargés de protéger la Tour, abaissèrent le Champ éthéré et invitèrent les Seigneurs dragons à entrer pour entamer les négociations. Les Seigneurs dragons auraient pu tous nous annihiler, mais ils choisirent de marcher paisiblement à travers nos campements jusque dans la Tour. Peut-être mon peuple avait-il gagné le respect des Balaurs par sa résistance acharnée ? Peut-être Ariel avait-elle raison de leur faire confiance ? Azphel et ses séides aux visages sombres étaient présents. La conférence de paix commença et les négociations avançaient à grands pas au début.

    Puis soudain, tout changea.

    Nous parlons encore des événements qui suivirent et des cris de panique qui retentirent au moment où nous comprîmes que les va-t-en-guerre parmi nous ne reculeraient devant rien pour parvenir à leurs fins, même s'ils devaient sacrifier Atréia tout entière. Azphel fit un grand bond, plus rapide que l'éclair, et l'un des Seigneurs dragons s'écroula. Les Balaurs ne perdirent pas de temps à faire des discours. En un instant, ce fut le carnage et le chaos.

    La haine des Balaurs envers notre peuple et la Tour de l'Eternité atteignit son paroxysme et ils se frayèrent un chemin jusqu'à l'essence même de la Tour. Les murs de la Tour tremblèrent et se fendirent, des fragments gigantesques s'en détachèrent.

    Ariel pleurait alors qu'elle s'efforçait de maintenir l'intégrité de la Tour. Aion l'envoya, ainsi que tous ses Seigneurs présents, à la base méridionale pour apporter son énergie à la Tour et tenter de la tenir. Elle représentait le dernier rempart d'Atréia face à la destruction. Azphel et ses légions, à qui l'on avait confié la protection de la partie septentrionale de la Tour, étaient sans doute trop exaltés par la reprise des hostilités pour accomplir leur devoir et protéger l'intégrité de la Tour.

    En dépit des efforts d'Ariel, les Seigneurs furent vaincus. Dans un gémissement retentissant, la Tour vola en éclats.

    Une terreur indescriptible s'empara de nous au moment où la Tour qui traversait le noyau d'Atréia vacilla et s'écroula. Des foules énormes s'enfuirent, dans une débandade généralisée.

    Réalisant qu'Atréia se mourait, Siel et Israphel commirent un acte désespéré. Ils vidèrent leur corps de l'Ether et l'utilisèrent afin de consolider le Champ éthéré suffisamment longtemps pour protéger notre peuple.

    Des millions succombèrent au cours de ce que l'on appelle désormais le Grand Cataclysme. Lorsque le calme revint, nous vîmes ce qu'il était advenu de notre monde : la Tour de l'Eternité était détruite et notre monde était divisé en deux.


    Chapitre VI - Délivrance

    Je fais partie des Elyséens, le peuple qui se retrouva dans la partie inférieure d'Atréia, et qui fut nommée Elyséa. Au début, nos yeux étaient irrités par la lumière immaculée de l'astre si proche, infiniment plus intense que la douce lueur qui émanait de la Tour. Cependant, nous ne tardâmes pas à nous y adapter et à embrasser le nouveau monde qui nous était offert. En levant les yeux au ciel, nous pouvions voir les sombres restes de la partie supérieure d'Atréia, tournant lentement et se raccrochant désespérément à notre splendide sanctuaire.

    La lumière de notre nouvel astre était éclatante. Elle transforma des champs autrefois stériles en des pâturages verdoyants et nous métamorphosa en êtres radieux. Notre peau resplendissait et nos coeurs étaient forts et hardis. Nous trouvâmes rapidement nos marques. Certains parmi nous ne tardèrent pas à affirmer que telle était la volonté d'Aion. Nous étions les Elyséens, les protégés d'Aion ; notre dieu nous avait offert ce paradis ! Même les Balaurs ne pouvaient atteindre cette nouvelle terre bénie. Ariel nous apprit que, lors de leur sacrifice, Siel et Israphel les avaient bannis dans des limbes inexplorés.

    Les cinq Seigneurs empyréens envoyés par Siel et Israphel nous prirent sous leur aile et furent appelés les Seigneurs séraphims. Nos Seigneurs nous racontèrent les événements qui avaient mené au Grand Cataclysme, la façon dont les cinq autres Seigneurs empyréens avaient provoqué et insulté les Balaurs, prolongeant ainsi le sanglant conflit. Ils nous expliquèrent que si ce monde, autrefois stable et harmonieux, était désormais déchiré, c'était à cause des actions de ces Seigneurs déchus et de leur chef malfaisant, Azphel.

    Nous commençâmes à reconstruire nos vies ainsi qu'une nouvelle cité, digne de notre nouveau monde et de nos Seigneurs : le Sanctum. Nous jurâmes de protéger notre nouveau foyer et les Seigneurs séraphims nommèrent des Gardiens parmi les plus puissants Daevas.

    Des siècles s'écoulèrent ainsi. Nous vivions paisiblement et prospérâmes autant que nous le pouvions.


    Chapitre VII - Les Abysses

    De la Tour de l'Eternité, il ne restait que deux moignons après le Grand Cataclysme : l'un dans notre monde, l'autre que l'on pouvait distinguer dans la moitié supérieure d'Atréia. La majeure partie de la Tour avait été détruite et ses décombres étaient éparpillés sur les deux moitiés de notre monde.

    Cependant, un jour, la terre se fissura autour de ces fragments et ces derniers se mirent à léviter dans les airs. Nous envoyâmes nos Gardiens les plus courageux pour observer ce phénomène. Ils découvrirent des portails menant à un royaume mystérieux où d'énormes blocs de la Tour flottaient tels des îles au milieu d'un océan d'Ether.

    Nous appelâmes ce monde "les Abysses" et nos Daevas s'y aventurèrent peu à peu, explorant cet environnement volatil et inconnu. Ils trouvèrent un monde regorgeant d'Ether, jonché de vestiges de l'antique Atréia que l'on pensait perdus. De nombreux Daevas disparurent au cours de leur exploration. Ces portails étaient instables et lorsqu'ils se refermaient, plus rien ne pouvait les rouvrir. Ceux qui les avaient traversés se trouvaient ainsi exilés.

    Un jour, un portail s'ouvrit, plus grand et plus stable que les autres. Un Gardien du nom de Deltras et sa Légion le franchirent. Quelle ne fut pas leur surprise de l'autre côté quand ils se retrouvèrent dans la partie supérieure d'Atréia ! En levant les yeux au ciel, ils aperçurent Elyséa, leur monde baigné dans une chaude lumière.

    Prudemment, ils commencèrent à explorer cette terre étrange qui avait jadis fait partie de leur monde. Désormais, c'était un endroit sombre et oppressant, hanté par des ombres et des soupirs. Ils y rencontrèrent les Asmodiens, nos frères et soeurs d'autrefois, qui étaient devenus des créatures infâmes. Pire encore, la région dans laquelle la Légion de Deltras avait atterri était régie par l'un des Seigneurs empyréens déchus, le cruel Zikel.

    La vue de Deltras et de sa Légion de Daevas élyséens était obscurcie par les ténèbres et ils furent rapidement capturés par Zikel et ses séides. Cet être, que nous avions autrefois vénéré au même titre que la puissante Ariel, projeta Deltras sur le sol et l'enjoignit de renier les Seigneurs séraphims. Le noble et courageux Deltras fit honneur à la dignité des Seigneurs des Elyséens. Il refusa d'abjurer et maudit Zikel et son arrogance.

    Les Asmodiens attaquèrent. Ceux d'entre nous qui attendaient le retour de la Légion, de l'autre côté du portail, ne virent revenir que deux Daevas, grièvement blessés.


    Chapitre VIII - Un ennemi ancien, un ennemi nouveau

    Nous étions abasourdis, stupéfaits par les transformations physiques qu'avaient subies les Asmodiens et le fait qu'ils avaient survécu dans le désert glacial au-dessus de nous. Nous mobilisâmes immédiatement nos légions et nous préparâmes à la guerre.

    Mais Aion nous réservait une autre épreuve. Un autre portail stable s'ouvrit sur une abomination que nous avions espéré ne jamais revoir : les Balaurs. Ces derniers avaient rapidement rassemblé leurs troupes et rappelé les Kralls et les Maus à leurs côtés. Ils avaient en outre asservi plusieurs autres races plus faibles. Ils étaient plus enragés que jamais et c'était désormais à nous qu'il incombait de repousser leurs assauts acharnés.

    Notre monde, cette contrée dans laquelle nous vivons, avait profité d'un sursis bien précaire grâce à Siel et Israphel. Nous pensions que leur sacrifice nous permettrait de profiter indéfiniment des richesses de notre planète, une fois que nous aurions vaincu les traîtres asmodiens qui avaient autrefois osé se prétendre nos frères. Cependant, ce naïf espoir s'évapora lorsque nous découvrîmes, par accident, un fait terrifiant.

    Atréia se meurt. Son Ether se perd dans les Abysses. La source de vie éthérée d'Atréia finira par s'épuiser à moins que nous contrôlions cette déperdition. Notre monde, maintenu par l'ultime sacrifice de Siel et d'Israphel, finira par s'effondrer. Les deux moitiés qui autrefois formaient cette belle planète partiront à la dérive dans l'espace. Toute vie s'éteindra en un clin d'oeil et tout ce pour quoi nous avons oeuvré sera perdu.

    Nos prêtres et théoriciens, pris de panique, se sont immédiatement mis à chercher des solutions et finirent par trouver une réponse.

    Les Abysses sont un écho de la Tour de l'Eternité qui se trouvait autrefois au coeur de notre monde. Leur existence n'est due qu'à l'incroyable force mystique qui circule encore entre les deux moignons de la Tour. C'est un champ d'énergie surnaturelle, comparable au champ magnétique provoqué par les pôles d'un gigantesque aimant. Si nous détruisons la Tour des Ténèbres asmodienne, ce champ s'effondrera et les Abysses disparaîtront à jamais.

    En démolissant cette Tour, nous débarrasserions non seulement le monde de cette vie asmodienne sombre et béante, mais nous le sauverions aussi de la destruction et notre peuple pourrait enfin profiter du paradis que lui a offert Aion !

    C'est là notre ultime épreuve, le dernier obstacle à franchir avant d'obtenir ce qui nous est dû. Nous devons anéantir les Asmodiens et leur monde pathétique : nous devons sauver Atréia.

    —Rafaela Semperti


    [Pour ceux qui veulent la version un peu plus courte en vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=9zNcjsuTLOE .

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